Au cours des trois dernières années, à chaque fois que je donnais une présentation de Jeanne Chevalier et de sa famille, j’avais l’habitude de fournir une liste de ses descendants qui sont bien connus aux Etats-Unis, au Québec, et en France : René Lévesque, Céline Dion, et Jack Kerouac. C’est seulement récemment que j’ai commencé à y inclure le nom du Lieutenant Jean-Jacques Lévesque. [⇒]
Plaque en l’honneur de Jeanne Chevalier
Je suis certaine que l’esprit de Jeanne nous a entourés ce jour-là, le 15 septembre, 2017. Nous n’étions pas nombreux, mais nous avons rempli la chapelle canadienne à l’église Saint-Jacques de Dieppe, en France, une des paroisses où Jeanne avait vécu.
Les fréquentations de Jeanne et de Guillaume
Je suis assise à l’intérieur de la cathédrale Notre-Dame, sur les hauteurs de Québec, sur le site de l’église où Jeanne a épousé son premier mari, Guillaume Lecanteur, le 19 octobre 1671. Puisque l’église originale a été deux fois détruite par le feu, le bâtiment dans lequel je me trouve est la troisième église construite sur ce site. Bien que l’église ait été reconstruite et qu’elle ne la reconnaîtrait certainement pas avec ses écrans vidéo, ses statues dorées et ses revêtements muraux élaborés, je tente d’entrer en contact avec Jeanne. [⇒]
Les choix de Jeanne
À la fin de 1678, Jeanne se retrouvait seule avec un fils nouveau-né, deux autres fils de moins de 7 ans, possiblement 3 lopins de terre et des dettes. On n’a pas trouvé de certificat de décès pour son mari Guillaume, en dépit de tentatives pour le trouver. Étant donné qu’on n’est pas certain qu’il ait assisté au baptême de son fils en juillet; sa mort est entourée de mystère. Quand, où et comment est-il mort? S’était-il lui-même engagé comme explorateur ou pour faire la traite des fourrures, ces dernières années pour gagner de l’argent pour payer ses dettes ou pour les fuir et alors connaître ce fatal accident? A-t-il été enterré là où il est mort, loin de toute église et de tous registres ou ces registres ont-ils été perdus? [⇒]
Jean-Baptiste Deschamps – Les premières années de Rivière-Ouelle
En automne, 1674, deux ans après avoir reçu sa concession, Jean-Baptiste a commencé à octroyer des terres aux hommes qui étaient parvenus au terme de leur contrat de trois ans avec lui et qui avaient démontré leur intention de s’installer en Nouvelle-France. Beaucoup de ces hommes étaient des gens de la campagne, originaires du même endroit, en Normandie, et qui avaient quitté la France avec lui, en 1671. Mon ancêtre, Robert Lévesque, a été un des premiers à recevoir une concession, le 10 novembre 1674. Sa terre, située sur la rive sud de la rivière Ouelle, était juste de l’autre côté de la propriété de Deschamps. [⇒]
Le déménagement à Rivière-Ouelle
Le 21 avril 1679, neuf mois après la naissance de son fils et quelque temps après la disparition mystérieuse de son premier mari, Guillaume Lecanteur, Jeanne Chevalier, veuve depuis peu, épousait Robert Lévesque, dans son village de l’Ange-Gardien. Bien qu’aucun certificat de décès n’ait été trouvé pour Guillaume Lecanteur, l’Église a dû être convaincue de sa mort, étant donné que les bans ont été publiés et le mariage béni par un prêtre. Le lendemain, Jeanne renonçait aux dettes de Lecanteur, comme il était permis à une veuve de le faire. Les trois lopins de terre que Guillaume avait acquis ont été soit retournés à leurs propriétaires, soit vendus par la cour. [⇒]
Jeanne et Robert à Rivière-Ouelle, entre 1679 et 1699
Quand Robert Levesque, Jeanne et ses trois fils sont arrivés à Rivière-Ouelle, ils ont dû recevoir un accueil chaleureux de la part de Jean-Baptiste François Deschamps et de sa femme Catherine-Gertrude Macard, qui était probablement ravie de voir Robert de retour avec sa nouvelle famille. En plus des efforts que Jean-Baptiste avait investis pour accroître la seigneurie, sa petite famille aussi s’accroissait. Tôt en février, peu de temps avant l’arrivée de Jeanne et de Robert, Catherine-Gertrude avait donné naissance à un quatrième fils, Henri-Louis qui était plus jeune de six mois que Guillaume, le fils de Jeanne et de Guillaume. [⇒]
Jean-Baptiste Deschamps et Rivière-Ouelle, entre 1689 et 1699
Même si relativement isolée de ce qui se passait au niveau politique dans le reste de la Nouvelle-France, Rivière-Ouelle n’a pas totalement été épargnée par les guerres avec les colonies britanniques du sud. Apparemment en représailles contre les raids effectués par les Français en Nouvelle-Angleterre, une flotte de 32 navires britanniques transportant 2 000 soldats et commandée par Sir Francis Phips a fait son apparition à l’est du territoire de la Nouvelle-France, en 1690. Ils ont d’abord saccagé les côtes de l’Acadie et, plus tard, au début d’octobre 1690, ils sont arrivés au large de Rivière-Ouelle. Leur venue a fait l’objet d’un récit qui a été maintes fois raconté, parfois enjolivé et non dénué d’une certaine confusion (http://www.apointinhistory.net/Rivière-ouelle.php). Je me permets de résumer les faits. [⇒]
Jeanne de nouveau seule
Même isolée, au nord-est de Québec, le long du fleuve Saint-Laurent, Rivière-Ouelle n’a pas été épargnée par les épidémies. En 1688, en effet, neuf personnes sont mortes et, en 1699, l’épidémie, qui a emporté Robert Lévesque, l’époux de Jeanne, et de son dernier fils Lecanteur, a aussi pris neuf autres vies.
Quatre ans plus tard, une autre épidémie a sévi dans toute la Nouvelle-France. [⇒]
Jeanne et Jean-Baptiste Deschamps, entre 1701 et 1703
Jeanne est restée seule pendant 18 mois, après le décès de Robert. Le 5 avril 1701, elle a épousé Jean-Baptiste-François Deschamps, seigneur de la Bouteillerie. Il n’y a pas eu de contrat de mariage. Aucun document n’a été trouvé expliquant pourquoi ils avaient décidé de se marier et pourquoi Jean-Baptiste avait attendu 20 ans avant de se remarier, plus longtemps que pour la plupart des autres hommes de sa classe sociale. [⇒]