En 2002, 5 ans avant la parution du film « Bucket List, » j’ai dressé une liste des choses que je voudrais faire avant de quitter ce monde. En tête de liste se trouvaient : écrire un livre sur mon ancêtre Jeanne Chevalier, Fille du Roi; apprendre à parler français; et séjourner au moins six mois en France. Alors. 15 ans plus tard, je suis assise à la table de ma petite maison à Dieppe, en France, après avoir écrit en anglais le livre sur Jeanne dont la traduction française est en cours. Je fais toujours des efforts avec mon français, mais je devrais faire des progrès grâce à 3 années de cours de français, 3 semaines de cours de français intensif à Rouen, et plusieurs voyages en France et au Québec pour mes recherches.
L’organisation de mon arrivée en France cette fois, celle de m’installer pour un an ici à Dieppe et de faire publier le livre sur Jeanne en français a été beaucoup plus compliquée que prévu. Même quitter Boston en janvier dernier a été fait difficile et ne s’est pas passé comme je l’espérais car j’ai dû, bien sûr, emmener ma chatte que j’adore en dépit de son tempérament capricieux. Cette décision ainsi que quelques réglementations nouvelles quant à l’importation d’animaux en France ont causé chez moi la panique juste quatre jours avant notre départ de Boston. Il y a eu de nombreux moments d’angoisse lors de la correspondance de dernière minute entre les autorités américaines et françaises pour obtenir un régime d’exception. Nous avons reçu l’autorisation juste 24 heures avant le départ, mais celle-ci a été accompagnée par « un accueil » spécial et une inspection à l’aéroport de Paris, en plus de paperasserie administrative et d’une demande pour plusieurs visites chez un vétérinaire de Dieppe.
Par ailleurs, il y a eu des retards et des complications pour obtenir le service téléphonique et Internet, acquérir un compte bancaire français, et sécuriser l’approbation finale de mon visa de long séjour. Mais ma chatte et moi nous sommes toutes les deux maintenant en toute légalité ici. J’ai trouvé une bonne communauté au sein de mon église et un cours de yoga, j’ai des cartes de bus et de bibliothèque et je circule à pied autour de Dieppe de haut en bas des falaises. En ce moment je peux me concentrer sur la traduction et la publication du livre sur Jeanne en français.
Tout s’arrangera, je le crois le plus souvent. J’adore Dieppe, malgré le temps toujours changeant. Jeanne et la plupart des autres femmes qui ont été envoyées par Louis XIV pour peupler la colonie du Québec ont quitté la France de Dieppe. Je sens vraiment l’esprit de Jeanne lorsque je me rends à l’Eglise Saint-Jacques ou au château du 15e siècle, ou lors d’une promenade dans les rues pavées de vieux Dieppe. Quand je regarde fixement les eaux pastel de la Manche, j’essaye d’imaginer ce que Jeanne a ressenti quand elle grimpa à bord du bateau et s’est engagée pour un voyage de plusieurs semaines que la menait vers un avenir inconnu en Nouvelle France. J’en sais beaucoup plus maintenant sur Jeanne qu’il y a quatre ans au moment de ma première visite à Dieppe, mais il reste encore quelques interrogations. L’une d’entre elles qui fait l’objet de mes recherches actuelles est « comment, quand et pourquoi Jeanne a quitté Coutances pour Dieppe! »